Drame en un acte
et trois scènes
et une annexe
(Sous-titres repris du "Songe d'une nuit
d'été" de William Shakespeare)
Cette pièce a
souvent été interprétée comme un ensemble de rêves poétiques.
Elle repose
sur le rassemblement de couples connaissant des crises (amoureux transis, un
Roi contre une Reine, des troupes d'acteurs s'opposant…) couples préparant une
pièce qui devrait être jouée lors du mariage d'un Prince…
Tous vont se
croiser dans une forêt étrange et magique, le temps d'une nuit d'été qui
ressemble à un rêve ou à un cauchemar….
Toute ressemblance avec des choix politiques actuels est
évidemment volontaire !
De même, cette
mise en scène est à des siècles de celle d'Ariane Mnouchkine et son Théâtre du
Soleil (1968), sur une adaptation de
Philippe Léotard !
ACTE PREMIER
SCÈNE I
Palais de Bercy :
un grand bureau fonctionnel poussant au désespoir.
Flouée, Pisanius,
Lemairus et Darmanino discutent des dernières nominations du royaume tout en
attendant Hamletemmanuel et Philostrate
PISANIUS (premier économiste
expert conseiller de Hamletemmanuel) prenant Flouée en aparté :
Ma chère Flouée,
c'est étrange ce que racontent les puissants depuis hier ! Il semblerait que
presque aucun conseiller expert économique ayant accompagné Hamletemmanuel ne
soit retenu au sein des Ministères s'occupant directement de l'économie et du
budget, ces Ministères hébergés dans ce lieu associant les anciens bâtiments
des régies d’octroi et un nouveau bâtiment se voulant fonctionnel qui avait
remplacé les entrepôts viticoles pourtant assurant l'alimentation permanente et
efficace en Côtes du Rhône et autres Beaujolais ou Bourgogne des parisiens.
FLOUÉE (ancienne
économiste expert conseillère de Hamletemmanuel) :
Cette nouvelle est plus étrange que vraie.
Jamais je ne pourrai ajouter foi à ce qui relève de vieilles
fables, ni à ces jeux de féerie.
Mais mon cher Pisanius, les jeunes politiques et les fous ont
des cerveaux bouillants, une imagination féconde en fantômes et qui conçoit
au-delà de ce que la froide raison peut jamais comprendre.
Le fou, le jeune politique et l'énarque (et certains cumulent) sont
tout imagination.
L’un voit plus de démons que l’enfer ne peut en contenir ; c’est
le fou .
Le jeune politique, non moins extravagant, voit la beauté d'un
pouvoir sur un front presque démocrate.
L’œil de l'Enarque, roulant dans un beau délire, lance son
regard du ciel à la terre, et de la terre aux cieux ; et comme
l’imagination donne un corps aux objets inconnus, la plume du savant leur
imprime de même des formes, et assigne à un fantôme aérien une demeure et un
nom particulier.
Tels sont les jeux d’une imagination puissante. Si elle conçoit
un sentiment de joie, elle crée aussitôt un être, messager de cette joie.
Ou si, dans la nuit, elle se forge quelque terreur, avec quelle
facilité un buisson devient un opposant politique qu'il faudra convaincre !
PISANIUS
: Mais toute l’histoire qu’ils ont racontée de ce qui s’est passé ce
jour passé, leurs idées ainsi transformées, tout cela annonce plus que les illusions
de l’imagination, et présente quelque chose de réel, mais de toute façon,
d’admirable et d’étrange… et peut être en souffrirai-je moi même dans un futur
proche !
SCÈNE 2
Entre Hamletemmanuel, tout sourire
FLOUÉE (au ton aigri) :
Voici notre jeune dominant qui vient plein de joie et
d’allégresse. Que le bonheur et de longs jours d’amour accompagnent votre cœur,
aimable ami !
HAMLETEMMANUEL
: Que
des jours plus beaux encore suivent vos pas et éclairent votre table et votre
couche !
FLOUÉE : Allons, quelles mascarades, quelles danses aurons-nous pour
consumer sans ennui ce siècle de cinq heures, qui doit s’écouler entre le
souper et l’heure du lit ? Où est l’ordonnateur habituel de nos
fêtes ? Quels divertissements sont préparés ? N’y a-t-il point de
comédie, pour soulager les angoisses de cette heure éternelle ?
Mais où sont Lemairus et Darmaninus, nos chefs éclairés ?
Entre Lemairus, tout sourire lui aussi
LEMAIRUS
(nouveau
subordonné de Hamletemmanuel)
:
Me voici, chère Flouée. Mais qui êtes vous pour m'interroger
ainsi ?
FLOUÉE : Mon cher Lemairus, je fût désignée économiste experte de
Hamletemmanuel bien avant que vous soyez vous-même désigné comme Ministre !
Mais, dites ; quel passe-temps avez-vous pour cette
soirée ? Quel apéritif dinatoire ? Quelle mascarade ? Quelle
musique ? Comment tromperons-nous l’ennui du temps paresseux, si nous
n’avons pas quelque plaisir pour nous distraire ?
LEMAIRUS : Voilà la liste des
divertissements qui sont préparés. Choisissez celui que vous préférez voir le
premier (Il lui remet un écrit.)
FLOUÉE (qui lit) :
-
"Le combat des extrêmes chanté par un eunuque athénien, sur
la harpe" : nous ne voulons pas de cela ; j’en ai fait tout le récit
à mon bien-aimé.
-
"La fureur des bacchantes enivrées, déchirant le chantre de
la Thrace dans leur rage" : C’est un vieux sujet et je l’ai vu jouer
la dernière fois que je revins de Thèbes honorée par le Prix des économistes de
moins de quarante ans.
-
"Les deux muses pleurant la mort de la Science, récemment
décédées dans l’indigence et le négationnisme" : c’est quelque critique,
quelque satire mordante, et cela ne va pas à une fête de nouveaux ministrés.
-
"Une courte scène et leçon d'équilibre du jeune Darmaninus (nouveau subordonné de Hamletemmanuel) et de ses conseils" : farce vraiment
tragique car ne traitant que du Budget et des Droits indirects du Royaume. Tragique
et comique à la fois ! Courte et ennuyeuse ! C’est comme qui dirait
de la glace chaude et de la neige d’une espèce aussi rare. Comment accorder ces
contraires ?
LEMAIRUS : Mon amie, c'est une
pièce longue de quelque dizaine de mots et de quelques tableaux de chiffres, ce
qui est aussi court qu’aucune pièce de ma connaissance ; mais avec ces dix
mots, ma chère, elle est encore trop longue, ce qui la rend ennuyeuse ;
car, dans toute la pièce, il n’y a pas un mot à sa place, ni un seul acteur
propre à son rôle ; et c’est une pièce tragique, mon prince.
Car Darmaninus sera exclu à la fin, ce qui, je vous l’avoue,
quand je l’ai vu répéter, a rendu mes yeux humides ; mais de larmes plus
gaies, que n’en ont jamais fait jaillir les plus bruyants éclats de rires.
FLOUÉE : Quels sont les acteurs ?
LEMAIRUS : Des anciens élus aux
mains parfaites, qui travaillent ici dans Lutèce et son Assemblée, mais qui n’ont
jamais écouté jusqu’à ce moment ; ils se sont avisés aujourd’hui de
charger de cette pièce leur mémoire inexercée, pour la cérémonie de nos
nominations.
FLOUÉE (d'un ton décidé) : Nous voulons la
voir jouer.
PISANIUS
: Non, ma chère économiste experte de Hamletemmanuel ; elle n’est
pas digne de vous : je l’ai entendue d’un bout à l’autre, et cela ne vaut
rien, rien au monde ; à moins que vous ne trouviez quelque amusement dans
leur intention, en les voyant se tourmenter, et réciter avec tant de peine,
pour plaire à Votre Altesse.
FLOUÉE : Je veux entendre cette pièce : tout ce qui est offert par
la simplicité et le zèle est toujours bien.
LEMAIRUS : Allez, faites-les
venir.
Et vous, mesdames, prenez vos places.
PISANIUS
: Je n’ai pas de plaisir à voir des malheureux être écartés de ce
que l'on leur a promis et le zèle succomber dans des efforts pour plaire.
FLOUÉE : Hé ! mon cher, vous ne verrez pas cela non plus.
PISANIUS
: Elle nous dit qu’ils ne peuvent rien faire de supportable en ce genre.
FLOUÉE : Nous n’en paraîtrons que plus généreux, en les remerciant, sans
qu’ils nous aient rien donné.
Notre plaisir sera de comprendre ce qui fait le sujet de leurs
erreurs.
Là où la bonne volonté échoue, un noble cœur considère
l’intention, non le mérite de l’action.
Dans mes voyages, souvent de grands clercs formaient le projet
de me complimenter par des harangues longtemps étudiées ; et, lorsque je
les voyais frissonner et pâlir, rester court au milieu de leurs périodes,
étouffer dans leur peur leur voix exercée, et pour conclusion rester muets et
sans harangue, croyez-moi, mon cher, je cueillais un compliment dans le
silence, et j’en lisais autant dans la modestie de leur zèle timide, que dans
la bruyante voix d’une éloquence audacieuse et arrogante ; l’affection et
la simplicité muette m’en disent donc beaucoup plus que tout ce que je pourrais
entendre.
SCÈNE 3
Tous les autres partis, Flouée et Pisanius restent
seuls dans ce grand bureau fonctionnel
FLOUÉE : Ils sont partis et nous ont abandonnés à notre sort.
PISANIUS
: Ce sont là des inventions de la jalousie.
FLOUÉE (mêlant des
sanglots à ses paroles) :
Jamais, depuis le solstice de l’été, nous ne nous sommes
rencontrés sur les collines, dans les vallées, dans les forêts, dans les prairies,
auprès des claires fontaines, ou des ruisseaux bordés de joncs, ou sur les
plages de la mer, pour danser nos rondes au sifflement des vents et nos
clameurs.
Aussi les vents, qui nous faisaient entendre en vain leur
murmure, comme pour se venger, ont pompé de la mer des vapeurs contagieuses,
qui, venant à tomber sur les campagnes et les villes, ont tellement enflé
d’orgueil de misérables rivières nourries de quelques pensées formatées
qu’elles ont surmonté leurs bords.
Le salarié a donc porté le joug en vain et l'agriculteur a
perdu ses sueurs.
L'intellectuel a été mis devant un choix entre une pensée unique
généreuse pour ses adeptes et des réflexions différentes synonymes de
difficultés voire de misère.
Les mortels de l’espèce humaine laborieuse sont maintenant
sevrés de leurs fêtes d’hiver ; il n’y a plus de chants, plus d’hymnes,
plus de noëls qui égayent les longues nuits.
Le blé vert s’est gâté avant que le duvet eût revêtu le jeune
épi.
Les parcs sont restés vides au milieu de la plaine submergée et
les corbeaux s’engraissent de la mortalité des troupeaux.
Les jeux de merelles sont comblés de fange, et les jolis
labyrinthes serpentant sur la folâtre verdure ne peuvent plus se distinguer
parce qu’on ne les fréquente plus.
Le plaisir d'échanger et de confronter des pensées différentes
sans haine ou sans mépris est désormais oublié.
Aussi la lune, cette souveraine des flots, pâle de courroux,
inonde l’air d’humides vapeurs, qui font pleuvoir les maladies catarrhales non
prises en charge par la Sécurité Sociale et, au milieu de ce trouble des
éléments, nous voyons les saisons changer ; les frimas, à la blanche
chevelure, tomber sur le tendre sein de la rose vermeille, le vieux hiver
étale, comme par dérision, autour de son menton et de sa tête glacée, une
guirlande de tendres boutons de fleurs. Le printemps, l’été, le fertile
automne, l’hiver chagrin, échangent leur livrée ordinaire, et le monde étonné
ne peut plus les distinguer par leurs productions.
Toute cette série de maux provient de nos interdictions de
débats et, pour certains, de la gloire qu'ils font de leur autisme.
C’est nous qui en sommes les auteurs et la source.
Pour
copie non conforme de William Shakespeare
Selon
la traduction d’André Gide
Annexe :
Courtes présentations des membres du
chœur
des économistes choisis comme experts
et/ou des Directeurs de Cabinet de deux Ministres…
Robin RIVATON
Formations : Sces Po Paris,
ESCP Europe
Emplois : Boston Consulting
Group, Aéroport de Paris, Région Ile de France, Paris-Région-Entreprises
(Conseil Régional d’Île-de-France, CCI « et Bpifrance)
Thèmes de travail
:
- -
Compétitivité économique
- -
industrie
- -
Fiscalité
- -
Innovation
Olivier CARRE
Formation : HEC-CESA
Emplois : Chef d’entreprise
(gestion de portefeuilles), élu (Maire, Député)
Responsabilités
actuelles ou anciennes :
-
Conseil de surveillance du programme des Investissements
d'Avenir
-
Conseil d'administration de l'agence nationale pour la
rénovation urbaine
-
Comité de suivi des aides publiques aux entreprises et des
engagements (CoSAPEE) animé par Jean Pisani-Ferry (ex conseiller d'E. Macron)
-
Président du groupe d'étude des entreprises au sein de
l'Assemblée nationale
-
Coprésident de la mission d'évaluation et de contrôle (MEC),
commission permanente de contrôle des politiques publiques
Thèmes de travail
:
- -
Urbanisme
- -
Investissements
- -
Aides publiques
- -
Entreprises
Emmanuel MOULIN
Formations : Sces Po Paris,
ESSEC, Paris-II Panthéon-Assas, ENA
Emplois : Direction du
Trésor, Banque Mondiale, Citigroup, Directeur Adjoint de Christine Lagarde
(Ministre de l’Economie), Conseiller économique de Nicolas Sarkosy, DG adjoint
d’Eurotunnel, Mediobanca, Directeur de Cabinet
Responsabilités
actuelles ou anciennes :
-
Secrétaire général du Club de Paris
Thèmes de travail
:
- -
Finances et budget
- -
Politique monétaire
- -
Soutien des Banques en difficulté
Jérôme FOURNEL
Formations : Sces Po Paris,
ESSEC, ENA
Emplois : FMI, Direction du
Budget, conseiller budgétaire dans le cabinet du ministre de l’éducation
nationale et de deux premiers ministres (Pierre Raffarin et Dominique de
Villepin), Directeur générale des douanes et des droits indirects, Directeur de
Cabinet
Thèmes de travail
:
- -
Fiscalité
- -
Finances et budget
Synthèse (sur
quatre conseillers et Directeurs de Cabinet) :
- -
Trois Sciences Po Paris
- -
Deux Enarques
- -
Deux ESSEC, un HEC et un ESCP
- -
Un FMI et un Banque Mondiale
Thèmes de travail
:
Deux sur quatre :
- -
Fiscalité
- -
Finances et budget
Un sur quatre :
- -
Politique monétaire
- -
Soutien des Banques en difficulté
- -
Aides publiques
- -
Urbanisme
- -
Investissements
- -
Compétitivité économique
- -
industrie
- -
Innovation
- -
Entreprises